
Partie 1
– Je ne sais même pas pour où commencer, dis-je la tête baissée au sol.
– Commences par le commencement.
– Par le commencement ? Maman j’ignore comment te dire ça…
– Avec des mots voyons!
– Maman tu ne m’aides pas du tout là, tu ne vois pas à quel point il m’est difficile de te demander ça.
– D’abord pour que je puisse comprendre dis moi es-tu venue pour me raconter un problème ou pour me demander une solution?
– Disons la deuxième option.
– N’en dis pas plus donc. Il t’aurait suffi de me dire « maman j’ai besoin d’aide » et j’aurais compris. Ça nous aurait épargné ces quarante-cinq minutes perdues à se dévisager.
Tout en émettant un immense soupir, soupir témoignant sa grande fatigue, elle sortit de son sac à main son portefeuille et me tendit plusieurs billets de dix milles francs CFA. À la vue de ces liasses de billets ma honte et mon mal à l’aise montèrent crescendo faisant dégouliner une mystérieuse sueur sur mon front et pourtant le climatiseur était allumé.
– Prends ça et vas résoudre ton problème, je ne veux pas en savoir plus.
– Maman…
– Non Khadija ne dis rien; vas-y, retournes près de tes enfants et sois forte. La récompense est au bout de l’effort et nul n’atteint le bonheur sans passer par le malheur…
– Sauf que moi je n’ai connu que des malheurs, la coupai je.
– Raison de plus pour être patiente. Dans ce monde tout va de paire et si tes débuts sont durs dis-toi bien que la suite sera meilleure. Dieu ne te prive pas d’une chose sans avoir prévu au préalable une autre chose encore plus meilleure que celle qu’Il t’a ôté.
– Maman comment fais-tu pour rester aussi inébranlable, aussi calme et sereine?
– Il le faut ma fille. Pour évoluer il faut avoir la tête sur les épaules. Et puisque tu y tiens tant parlons-en : Samba était ton choix à toi pas le mien, je l’ai approuvé parce que c’est ce que les parents sont censés faire; soutenir leur enfant.
– Si seulement je pouvais revenir en arrière maman…
– Tu ne le peux pas. Maintenant vas-y il ne faudrait pas que ta belle-mère se plaigne de ton retard.
Je restai assise quelques minutes supplémentaires, regardant ma mère, Diarra, avec admiration et reconnaissance. Nous étions certes mère et fille mais nous entretenions une relation de connivence particulière; je crois bien que cette complicité découle du fait que toute ma vie je n’ai connu qu’elle. Elle a été la seule personne à se pencher sur mon lit d’enfant extirpé de son sommeil par un vilain cauchemar, pour me chuchoter à l’oreille que ce n’était rien de réel et qu’elle était là pour me protéger et veiller sur mon sommeil. Et je me rendormais blottie contre elle, écoutant les battements de son cœur et laissant la douce mélodie de sa voix s’inviter dans mes oreilles pour s’ancrer dans mon esprit.
J’adulais ma mère parce que selon moi, il n’y a pas d’être plus magnifique et brave qu’elle. Je ne saurai dire comment elle a vécu le décès de mon père après seulement deux ans de mariage et avec de surcroît un nouveau-né dans les bras; mais il est indiscutablement vrai qu’elle a été une bonne mère puisque je n’ai jamais manqué de rien. J’allai dans les écoles les plus prestigieuses, je portai les plus beaux habits, je ne restai jamais douze mois d’affilés avec le même cellulaire.
Maman veillait à chacun de mes besoins, elle me chérissait avec tout son amour et sa tendresse; d’aucuns diront que c’est tout à fait normal qu’une mère aime son enfant.
Cependant, des mères qui négligent ou haïssent leurs enfants pullulent le monde, pour une raison connue ou méconnue, beaucoup de femmes révulsent la maternité et tout ce qui va avec. Le pourquoi?
Probablement à cause de la modernité, absurde? Je vous le concède mais c’est un fait et il devient un fléau.
Mais pour en revenir à ma vaillante mère, elle ignorait tout ou du moins l’essentiel de ce que je vis au sein de mon ménage. Parfois ses mots ou ses recommandations me font tiquer : et si son cœur de mère lui avait soufflé mon malheur à l’oreille? Et si elle savait tout mais qu’elle décidait néanmoins de garder le silence pour éviter d’être étiquetée mauvaise mère ?
Nous tous savons combien le devenir d’une fille incombe à la mère. Cette dernière est souvent désignée comme étant l’élément déclencheur des écarts de conduite de son enfant. Lorsqu’une fille est bien éduquée, respectueuse et respectable peu de gens reconnaissent le travail abattu par la mère mais il suffit que la fille soit de mœurs légères pour que le monde entier indexe la mère.
Ceci dit, en toute impartialité je reconnais que ma mère ne prendrait pas position pour moi tout comme elle ne prononcerait pas sur mon futur. Samba est mon choix pas le sien, n’est-ce pas ce qu’elle m’a pesté tout à l’heure ?
Je sortis de la belle maison fleurie de ma mère sis au Golf plus précisément à la cité résidentielle Alioune Sow pour m’engouffrer dans le premier ‘’car-rapide’’, venu. Le climat était infernal en ce mi-mai 2018; les rayons du soleil pénétraient mon corps comme une décharge électrique à plusieurs kilowatts.
Je transpirai abondamment sous ma robe brodée de couleur blanche à manches longues et pour couronner le tout. Mes chaussures à talons moyens martyrisaient mes pieds. Je n’avais nullement besoin de m’habiller de la sorte mais psychologiquement j’en éprouvais la nécessité. Quoiqu’il se passe dans mon intimité, au regard du dehors je devais paraître stable émotionnellement et physiquement. Je misai alors sur l’apparence car c’est à travers les habits que le sénégalais catégorise son entourage. Portez des habits chics, paraissez joyeux, brandissez des accessoires de marque et vous pouvez être certain d’être membre à part entière de la classe sociale supérieure.
Une fois à l’intérieur du car, je trouvai l’ingénieuse idée de m’asseoir entre un mécanicien aux vêtements en haillons avec une odeur d’essence ou de gasoil qui me pétrifiait les narines et une vendeuse de poissons.
Je le sais parce que la vieille dame tremblait encore sur elle des écailles de poissons et l’odeur infecte et tenace du poisson parfumait tout le car.
J’éternuai deux à trois reprises, je m’inclinai du côté de la vieille, je préférai les écailles aux éventuelles tâches que le mécanicien pourrait infliger à ma tenue.
Et comme si tout ce supplice ne suffisait pas, il y’avait ce vieil homme en face de moi qui postillonnait constamment, l’espace séparant les rangés de bancs dans le car ne mesurait même pas un mètre. Le vieil homme réclamait sa monnaie, et à chaque fois qu’il ouvrait la bouche je me surprenais à prier pour que ses gouttelettes de salive n’atterrissent pas à nouveau sur mon visage.
Les traits de mon visage commencèrent à me trahir, je n’en pouvais plus, mes nerfs étaient gonflés à bloc, entre l’entêtement du jeune apprenti et la ténacité du vieux je ne sais pas lequel m’a le plus exaspéré.
– Jeune homme rendez lui sa monnaie, soyez un peu clément avec nous le troisième âge, intervint la vendeuse de poissons, il te réclame son dû depuis Fadia et tu fais la sourde oreille. Pourquoi vous ne respectez personne vous les jeunes d’aujourd’hui ?
Suivant l’action avec grand intérêt, le jeune apprenti fixa la vieille dame longuement puis pivota sur la barre reliant le petit plancher et le toit du car. Tel un singe il se balançait d’un côté à un autre hurlant et cognant la voiture pour attirer de nouveaux clients.
Le car s’arrêta puis un groupe de voyageurs essaya de monter.
– Où vont ils s’asseoir? Sur nos têtes peut-être, s’indigna l’un des passagers du car.
– Si vos têtes sont assez grosses pour ça alors pourquoi pas? Ironisa l’apprenti.
Seigneur! Jamais je n’ai entendu autant d’insolence de ma vie.
– Chauffeur avances, le car est plein, il n’y a plus de places, ton apprenti fait n’importe quoi. Déjà que vos places sont extrêmement étroites, vous nous obligez à nous entasser à cinq alors que le banc ne compte que quatre places, vous abusez vraiment. Argua un autre passager beaucoup plus téméraire que les autres.
Mon Dieu tout ce raffut, m’exclamai je à nouveau intérieurement. Je voulus descendre mais il était si pénible d’obtenir une voiture à l’arrêt de l’hôpital Dalal Jaam que je me résignais et prenais mon mal en patience.
Qu’est-ce qui m’a pris de vouloir économiser en prenant un car rapide?
Tout Sénégal sait que ces moyens de transports regroupent toute sorte de personnes. Tous les comportements et humeurs s’y côtoient ce qui fait qu’il est quasiment impossible d’en prendre un sans être témoin de bagarres ou de querelles entre passagers et apprentis.
– Mon fils, mon fils, reprit le vieil homme en face de moi, mon fils, apprenti par pitié donnes moi ma monnaie je descends au prochain arrêt et je dois prendre un autre car, c’est tout ce qui me reste.
– Père je t’ai dit cent fois que le tarif Fadia-Guediawaye c’est 200 FCFA. Je ne te dois rien père. Ne me fatigues pas pour 100F seulement.
– Mais moi je ne vais pas à Guediawaye, je descends au rond-point du marché jeudi…
L’apprenti s’esclaffa soudainement, d’un rire tellement narquois que tous les passagers se retournèrent pour voir de leur propre yeux l’impolitesse de cet enfant.
– Père si tu parviens à enlever Marché jeudi de Guediawaye alors je te rembourserai ton argent, je te donnerai même de quoi payer un taxi.
– Vous êtes très indiscipliné jeune homme, il pourrait avoir l’âge de votre grand-père, revoyez votre attitude. Ce que la politesse ne vous offre pas, l’impolitesse ne le fera pas non plus, le sermonnai je.
– De quoi tu te mêles sale albinos? Répliqua-t-il.
Albinos? Moi une albinos? J’étais donc claire au point d’être confondue avec une albinos. Quel petit effronté!
– Si chacun s’occupait de son problème le monde serait meilleur mais au lieu de ça vous êtes là à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, on dirait les bras droit de Dieu… grommelait l’apprenti.
– Hé hé boy tu nous emmerde, on ne peut pas jeûner avec ce chaud soleil et supporter ton indiscipline. Rends à ce monsieur sa monnaie ou je te casse la gueule à la seconde qui suit. On en a ras-le-bol de tes conneries, menaça le mécanicien à côté de moi.
Il se leva et demanda à l’un des passagers de lui céder le passage pour corriger cet apprenti insolent mais le vieux le retint et le supplia de ne rien faire.
– Laissez le, la vie se chargera de son éducation. Conclut sagement le pauvre homme.
Je faufilai alors ma main dans ma pochette et attrapai un billet de deux milles francs que je pliai soigneusement avant de le glisser subtilement dans la main du vieillard.
Ce dernier se mit à formuler d’interminables douas pour moi seconder par la vendeuse de poissons qui n’avait rien raté de l’action. J’étais gênée par les remerciements et à la fois très satisfaite de partager avec les autres le peu que j’ai.
J’habitais à Hamo six, à quelques encablures de la plage; une maison familiale avec six chambres, un salon et un cours. Dans tout le quartier nous étions la seule famille à avoir conservé l’ancien plan adapté aux maisons construites en cité banlieusarde. Tous les autres propriétaires avaient reproduits le leur en fonction des nouveautés architecturales.
Nous n’étions pas pour autant une famille dans la misère et ça même si l’état de délabrement avancé de la maison témoignait le contraire. Les murs étaient crasseux, remplis de dessins, un travail effectué par les petits garnements du quartier certainement. La porte d’entrée était en bois et ne nous garantissait plus aucune sécurité, en temps de tempêtes j’appréhendai toujours que la porte s’envole au ciel tellement elle était en mauvais état.Malgré tout l’argent que lui donne mon mari, Ma Yass n’a pourtant jamais fait de rénovation dans la maison.
La fosse sceptique se déversait dans la rue à chaque fois qu’il était plein et nous entendions les plaintes de nos voisins jusque dans nos chambres.
Ma Yass avait délibérément désigné la chambre entre la cuisine et les toilettes pour qu’elle soit la mienne. Je n’y voyais pas d’inconvénients jusqu’à ce que les deux odeurs émanant desdites pièces ne s’immiscent dans mon quotidien m’obligeant à allumer de l’encens vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Ce matin-là je ne m’étais pas remise au lit après la prière de Fajr, Ma Yass m’avait dit, non elle m’avait ordonné, de me réveiller à l’aurore et d’aller faire les courses pour le mois de Ramadan. Le pire c’est qu’elle ne m’a pas donné un franc pour les courses, je devais donc me débrouiller toute seule alors j’allais chez ma mère quémandait, oui encore une fois…
Au bout d’une heure je finissais mes courses au marché Ndiareme et je reprenais le chemin inverse cette fois-ci je hélais un taxi.
Hors de question de revivre une autre mésaventure dans ces car rapides.
En temps de ramadan, les travaux domestiques se multipliaient en quatre. J’étais donc obligée de réaménager mon planning chaque mois de ramadan.En plus des travaux domestiques, je devais m’occuper et de la cuisine et de mes enfants.
D’aucuns diront que je suis une esclave dans cette maison et aussi douloureuse que cela puisse être c’est bien le cas. Je suis une esclave qui n’a aucun espoir d’être affranchie.
Je rangeai mes courses dans le réfrigérateur quand j’entendis de légers pas derrière moi, je me retournai instinctivement pour faire face au visage sévère de Ma Yass.
– Tu as mis trois heures à rentrer. Dois-je en déduire que tu as acheté tout le marché ?
– J’ai perdu du temps dans les transports. Mais ne t’en fais pas maman, les repas seront servis à temps.
– Tu as intérêt!
Je ne répondis pas. C’était de la provocation, en six ans de cohabitation j’ai largement étudié le comportement de Ma Yass. Chaque mot, chaque geste venant d’elle me venait à l’esprit avec clarté.
Samba, mon mari quittait la maison vers les coups de cinq heures du matin. Il travaillait comme ingénieur dans une grande société de la place. Il gagnait très bien sa vie mais ne dépensait que pour Ma Yass et sa famille.
Moi son épouse ?
Hé bien selon Samba j’ai l’obligation de le comprendre et d’être patiente.
Mais oui je pouvais attendre ce n’est pas comme si j’avais des besoins urgents. Moi qui ai quitté famille et amis, études et rêves, pour gérer notre ménage et nos enfants. Moi qui ai abandonné la somptueuse de ma mère pour me terrer dans ce taudis qui nous sert de toit.
O oui Khadija Sy pouvait bien attendre!
L’ingratitude est le trait dominant de tous les hommes.
Mais je ne dirai rien, je ne me plaindrai pas, un jour viendra, un jour très proche où tout ceci ne sera qu’un malheureux souvenir. Mais en attendant ce jour, je surmonterai tout pour mes enfants. Ma récompense sera leur réussite comme nous le chante si souvent nos aînées.
Je m’activai dans la cuisine tout en ayant à l’esprit mes souvenirs d’antan. Je me revoyais quelques années plutôt, à l’époque j’étais inscrite au département Français à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
J’avais une multitude de projets et de promesses d’un avenir meilleur. C’est dans ce sillage que j’ai connu et aimé Samba. Il m’est paru comme un homme bon, prévenant, courtois et attentionné. À cet instant il n’était un jeune diplômé qui se cherchait ardemment. Il avait quelques promesses d’embauchement et avait donc investi le peu d’argent qu’il détenait dans des costumes et chaussures… Mais je suppose que tout ce changement avait un tout autre objectif: celui de m’émerveiller.
Samba et moi étions comme les doigts de la main, nous étions inséparables. Nous passions toutes mes heures de pause ensemble.
En ce sens, je me dois d’être honnête avec moi-même, Samba n’a pas toujours été comme il est aujourd’hui. Il fut un temps où il s’occupait de moi comme d’une reine. Je ne manquais de rien, tous les soirs, à son retour du travail, il me ramenait des cadeaux. Tantôt des bijoux tantôt des vêtements chics.
Parfois il me vient à l’esprit de penser que ma belle mère ainsi que mes belles-sœurs étaient jalouses du parfait amour qui me liait à mon époux. Le changement de mon mari a été brusque, violent et surprenant, je ne m’y attendais vraiment pas.
De ce fait, je crois que l’étonnement m’a figé depuis ce jour au même point; celui où je suis aujourd’hui. ____
Après la prière de Takussan, Samba revenait de son travail complètement exténuer. Il prit place près de moi sur le lit. Au bout de cinq minutes il somnolait déjà. Alors je sortis de la chambre pour ne pas perturber son sommeil.
Je retournai dans ma cuisine, il fallait impérativement que le dîner soit servi juste après la prière du Nafila. Pendant que j’étais dans la cuisine, je surpris une discussion entre Ma Yass et Souadou.
– Maman, elle va encore nous servir un plat trop assaisonné. Il est temps que tu lui parles, disait Souadou ma belle-sœur (épouse du frère de Samba).
– Ne t’en préoccupes pas ma fille, si elle pense qu’elle se la coulera douce encore longtemps dans cette maison elle se trompe. Assaisonner ou pas assaisonner dina toggu (elle cuisinera)
– Man déma khamoul loumouy khar pour dem. Keur go khamni keneu beugoula fi do dem ? Mais niak fayda rek (Je me demande ce qu’elle fait encore dans cette maison. Personne ne l’aime pourquoi elle ne part pas ? Elle n’a aucune dignité).
Ma Yass: Laisses la je te dis. Elle veut montrer qu’elle est tenace est bien je lui en ferai voir de toutes les couleurs.
– Tchiiip ! Pour le ramadan, elle va encore t’offrir un vulgaire cadeau bon marché, tu le sais ça?
-Et comme chaque année je donnerai son cadeau en aumône.
Cette dernière phrase m’avait achevé. Malgré tous mes efforts je ne serai jamais aimée dans cette maison. Malgré tous les sacrifices, Ma Yass ne me traitera jamais comme sa fille. Je sentis couler quelques larmes avant de les essuyer avec le bout de mon foulard.
Elles ont fait exprès de parler fort de ce sorte à ce que je les entende.
Le dîner était servi mais comme toujours, ils traînaient tous le pas pour me déstabiliser.
Une fois installés, Samba me jeta un regard qui en dit long. Par moment j’éprouve la forte sensation qu’il a pitié de moi, qu’il regrette de m’avoir mis dans une telle situation.
Parfois j’ai l’impression de revoir dans ses yeux l’homme aimant et protecteur que j’ai jadis connu. Mais, mon Dieu comme il peut être versatile, insensible et surprenant d’autres fois.
À vingt-trois heures trente j’avais terminé tout ce que j’avais à faire. Je rejoignais mon époux dans notre chambre tandis que les enfants étaient avec Nabou; la petite sœur de Samba.
J’entendais jusqu’au bout du couloir les éclats de rire de Ma Yass, Farie et Souadou. Cette situation me laissait indifférente puisque j’en ai pris l’habitude.
Elles ne m’ont jamais invité à prendre part à leur moment de détente. Et à dire vrai je ne m’y intéressais pas véritablement, elles ne font que méduser.
– Samba, j’aimerai que l’on discute un peu. Lui demandai-jeIl se retourna vers mon côté du lit et me lança un regard froid.
– Qu’est-ce qu’il y’a encore?
– J’ai besoin d’argent. J’aimerai acheter quelques tissus pour ta maman. Nous sommes au mois de ramadan et je ne lui ai pas encore donné le » soukarou koor ».
– Nous ne sommes qu’au premier jour du ramadan et tu me demandes déjà de l’argent pour des futilités?
– Des futilités? Vas donc expliquer ça à ta mère ou aux femmes de tes frères. Dis leur que ce sont des futilités et qu’elles cessent de m…
Je me tus, ma langue était sur le point de me trahir.
– Tu recommence avec ça ? Je n’ai pas d’argent Khadija.
– L’année dernière c’était pareille, cette fois-ci, je ne me laisserai pas minimiser.
– Qui te minimise ?
– personne ! Je veux juste que tu m’aides de temps à autre, rien de plus.
– Bon je ne te promets rien mais je verrai quoi faire, à présent dors, je veux me reposer. Me Dit-il avant de fermer les yeux.
Je restai là assise sur le lit. Le regard perdu dans le vide. Je ne m’expliquais pas ce changement soudain. Je me consolais en me disait que le temps finira par trancher, je ne dirai rien, je ne ferai rien.
Ils s’attendent à ce que je craque et fasse un scandale mais ils attendront une éternité. Je compte bien poursuivre le combat de ma vie.
Le mariage s’est aussi des compromis, des hauts et des bas. On ne peut pas toujours filer du mauvais coton c’est pourquoi je tenais encore le coup.
Cette année je me fis le sermon de ne pas baisser la tête devant elles. Je sortirai glorieuse de tout ceci. Je ne rirai pas à leur dépend mais je serai fière de mon triomphe.Je ne partirai pas de mon ménage car j’ignore ce qu’il y’a ailleurs. Je ne priverai pas mes enfants de leurs droits parce que je sais que leur papa n’est pas mauvais.
Ma mère m’a toujours dit qu’une bonne femme doit avoir un cœur aussi gros qu’un océan. L’océan dans sa immensité accueille tous les espèces. L’océan supporte la pollution de l’homme. L’océan supporte la cupidité de l’homme qui le vide de ses trésors. L’océan bien qu’il gronde de par ses vagues ne se désemplit jamais de son eau. Je serai exactement comme l’océan.
Qu’ils me tourmentent, qu’ils disent que je suis folle, indigne… Qu’ils disent que je suis une soumise, cela ne changera rien au fait que je suis l’océan. Mes enfants sont mes trésors et je ne laisserai personne me les enlever.
Je suis le vieux baobab qui garde jalousement sous ses racines les secrets de tout un peuple. Je suis le vieux puits creusé au milieu de la maison familiale pour approvisionner en eau ses membres. Mais je suis surtout une femme décidée à se relever d’une chute datant de six longues années. Je connaissais le secret de chaque membre de ma famille.
Et si je l’avais voulu je les aurais fait éclaté tous.
Toutefois, ça aurait été perçu comme un acte de vengeance. Mes efforts auraient été vains de ce fait je gardais le silence. Celui en qui j’ai une foi infaillible se chargera de faire la lumière sur absolument tout. Ils se repentiront tôt ou tard. Ils regretteront, ils demanderont pardon les yeux imbibés de larmes.
Auteur: NanafDiop
Tous droits réservés
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